Critique : Holly (Jason Toth) (2015) (Court métrage)
Holly est cette œuvre obscure, ce court métrage sur lequel un inconnu pourrait tomber, cette cassette obscène oubliée dans le fond d’un tiroir poussiéreux. Aucune information n’est avancée sur les protagonistes à l’écran, et le champ de vision expose brutalement deux femmes filmées par un homme torturant une autre femme. Aucun montage n’a été établi, l’œuvre se déroule en plan séquence, or autant dire que Jason Toth a su appliquer parfaitement les bases fondamentales pour crédibiliser son fake snuff. Comme l’avait fait Fred Vogel en son temps en déposant des copies anonymes dans des lieux publics (ce qui lui a causé quelques soucis) avant de dévoiler ses August underground au grand jour, Jason Toth va jouer l’ambiguïté. Utilisant la modernité d’internet à son avantage, il va poster son court métrage sur des sites de partage de vidéos, et ce de façon anonyme en précisant bien que rien n’indique les lieux où cela s’est produit et que toute personne pouvant avoir des informations sur les trois suspects de la vidéo (toujours en liberté précise-il) doit impérativement contacter la police. Disposant d’une efficacité immersive, Holly est une initiative qui fonctionne en utilisant des codes amoncelés par le premier August underground (la caméra qui bouge et les scènes dans un lieu sombre illuminé à la lampe torche y compris) avec brio. La courte durée évite une certaine redondance et le jeu naturel des actrices/acteurs se révèle suffisamment juste pour attribuer aux exactions un ton dérangeant. Peu de surenchère dans le gore, la base de ce procédé malsain se focalise essentiellement dans les humiliations psychologiques et sexuelles pour terminer en beauté avec un final plutôt graphique. Un objet filmique à visionner uniquement pour les voyeurs et les intéressés du sujet et du genre, les autres n’y verront que de la débauche amateur dénuée d’intérêt cinématographique (et c’est bien dommage pour eux).
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