Critique : Sous Sols (2015) (Ulrich Seidl)
Synopsis : Nous avons tous un sous-sol. Ulrich Seidl nous fait visiter ceux d’un musicien obsédé par le Troisième Reich, d’un esclave sexuel corpulent, d’un amateur d’armes à feux, d’un chasseur exhibant ses trophées.
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Réalisateur Autrichen, Ulrich Seild tient une réputation solide pour son approche loufoque de l’absurdité humaine dans ce qu’elle a de plus banale et intégrante. Il se plait à relater des quotidiens étranges qu’il présente par le prisme d’une fascinante neutralité où seul le spectateur peut définir ce qu’il regarde. Après plusieurs films dont la trilogie Paradis, cela faisait prés de 10 ans que Seidl n’était pas revenu sur le terrain du documentaire, mais jamais il n’avait abandonné l’intimité de ses personnages qui alimentait allègrement la matière de ses œuvres. Adepte du naturalisme, les long plans-séquence de Sous-sols contiennent une certaine beauté picturale relativement intrigante et nous retrouvons encore cette obsession qu’il entretient pour la symétrie des images. Lorsque les quotidiens de nos personnages se superposent, les transitions cyniques mettant en parallèle certaines scènes dénotent un humour noir parfois surprenant accompagnant intelligemment l’ambiguïté de certains protagonistes.
Bien que parfois certaines réactions puissent interpeller, le spectateur ne se questionne pas forcément par ce qu’il voit tant ceci est exposé d’un œil naturel. Notre musicien exprime sa joie dans un sous-sol parsemé de symboles nazi, étrange contraste face à un tel environnement pensez-vous surement. Contrairement à certains de ses précédents documentaires (dixit Models) censés montrer la déchéance dans des paradis artificiels, nous avons comme l’impression qu’ici il essaye de nous montrer une beauté dans l’étrange, dans l’insolite. Est-ce mal, est-ce bien ? Aucunement, c’est simplement humain. De plus, les différents quotidiens paraissent en quelque sorte complémentaires pour la vision intégrale apportée par le fond de ce documentaire, et le spectateur le ressent; alternant entre rires joyeux et rires jaunes. En piochant partout, Seild nous livre un délicieux tableau acerbe où les toiles semblent infiniment se succéder et visiter l’humain dans ce qu’il a de plus profond. Loin d’être bouleversante, c’est avant tout une expérience enrichissante qui creuse là on l’on n’ose plus vraiment aller, dans la psyché humaine….
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