Critique : Tango of Perversion (Dacosta Carayan) (1973)
Synopsis : Joachim (Vagelis Voulgaridis) et Stathis (Lakis Komninos) passent leurs soirées au Tango Club. Joachim est impuissant, Stathis est un tombeur. Joachim prête son appartement à Stathis pour qu’il puisse profiter de ses nombreuses conquêtes. Ce dernier ne sait pas que Joachim filme secrètement ses ébats amoureux. Jusqu’au jour où un meurtre est commis… Drogues, sexe, voyeurisme et nécrophilie brouilleront rapidement les cartes.
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À mi-chemin entre les expérimentations atmosphériques de Jess Franco et les thrillers sensuels de Lucio Fulci, Tango of Perversion est un OVNI cinématographique. Une curiosité dans le paysage du cinéma d’exploitation européen de par son origine (le cinéma grec étant peu accessible hors de ses frontières), ce long métrage arrive à distiller un climat malsain grâce à ses deux comédiens principaux qui livrent des performances n’ayant rien à envier à leurs vis-à-vis italiens ou espagnols. Voulgaridis surjoue joyeusement dans le rôle de l’impuissant Joachim tandis que Komninos est solide dans celui du détestable Don Juan hellénique.
Si le film n’assume jamais pleinement son potentiel transgressif, se contentant de bien sagement représenter les quelques actes nécrophile en ravivant quelques instants les femmes mortes, sa misogynie latente – typique d’une certaine époque – suffit à conférer aux nombreuses séquences d’abus et de voyeurisme un sentiment moralement trouble. Toutes les femmes assassinées sont coupables d’une chose : elles assument pleinement leur sexualité. Prenons par exemple le meurtre de Rosita, la lesbienne qui séduit la petite amie de Stathis. Ici, ce n’est pas tant la relation extraconjugale qui pose problème, mais plutôt l’atteinte à la masculinité du viril Stathis, incapable d’accepter qu’une autre femme le supplante. Il en va de même pour Joachim qui n’arrive pas à avoir de rapports avec les femmes et qui ne parviendra que lorsqu’il sera en mesure de posséder entièrement leurs corps. Déjà, en espionnant son ami à travers un miroir double et en rejouant les enregistrements de ses ébats, Joachim est dans un rapport de possession désincarnée évoquant par moment le Peeping Tom de Michael Powell. Ces séances de projections privées sont d’ailleurs les plus beaux moments de ce long métrage plutôt banal et ennuyant.
Édité avec The Wife Killer (du même réalisateur) par le spécialiste de l’étrange Mondo Macabro (www.mondomacabrodvd.com), Tango of Perversion est une œuvre kitsch qui à l’instar de nombreuses bandes de l’époque est d’abord et avant tout plus intéressant pour sa représentation des années soixante-dix (la musique et la danse au club Tango) et son caractère exotique à titre de document témoignant d’un certain cinéma grec d’exploitation.
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